Etymologie
Le mot « Garifuna » proviendrait de la racine arawak Karina qui se serait transformé en Garinagu puis Karifuna. Il signifie « mangeur de manioc ». Le nom Garifuna (avec une majuscule) sert normalement à désigner l’ethnie, mais il peut aussi désigner la langue (avec une minuscule).
L´origine
L’Histoire des Garifunas commence au XVIe siècle dans les petites Antilles au moment où les Européens colonisèrent la région et y transportaient des esclaves noirs pour les faire travailler dans leurs plantations. Certaines îles furent négligées par les Espagnols, dont Saint Vincent et la Dominique. Ce sont les Amérindiens caraïbes d’origine arawak qui y habitaient. Ils réussirent pendant longtemps à tenir tête aux Britanniques et aux Français, pour conserver leur territoire à l’abri des puissances coloniales.
Caraïbes noirs et Caraïbes rouges.
En 1635, des navires négriers firent naufrage au large de l’île Saint Vincent. Plusieurs esclaves réussirent à échapper à la mort et se réfugièrent à Saint Vincent où les Amérindiens (les Caraïbes) les accueillirent. Les Caraïbes permirent aux Africains de s’établir sur leur île. Au cours des décennies suivantes, d’autres naufragés s’y retrouvèrent également. La nouvelle s’était répandue dans les Antilles qu’une île était un « paradis » pour les esclaves marrons, les rescapés de négriers naufragés et les esclaves enlevés aux Espagnols ou aux Hollandais. La plupart des réfugiés épousèrent des Caraïbes, ce qui créa un peuple, appelé en français Caraïbes noirs. Par opposition aux Arawaks appelés par les Français Caraïbes rouges (par allusion aux Peaux Rouges du Canada).
Les Caraïbes noirs ou Garifunas se métissèrent, puis adoptèrent non seulement la langue des Caraïbes rouges mais également leur culture et leur mode de vie.
Mais la tension finit par monter entre Caraïbes noirs et rouges, au point où les deux peuples divisèrent l’île Saint Vincent en 1700 : les noirs à l’est, les rouges à l’ouest. En réalité ce fut le gouverneur de la Martinique qui décréta que la moitié de l’île serait attribuée à chacun.
Craignant la domination des Caraïbes noirs et la mainmise des Anglais, les Caraïbes rouges autorisèrent les Français à établir des colonies en 1719. Ceux-ci envoyèrent des missionnaires chez tous les Caraïbes et finir par obtenir des relations pacifiques avec les deux peuples.
Une nation libre et indépendante.
Puis entre 1763 et 1783, les Britanniques et Français se disputèrent le contrôle de Saint Vincent. Les Britanniques tentèrent plusieurs fois d’occuper l’île mais les Garifunas se révèlerent de forts bons guerriers et réussirent à les repousser.
La défaite
En 1782, le traité de Versailles accorda aux Anglais la possession de Saint Vincent, les Garifunas furent alors livrés à leurs pires ennemis. Les Anglais fondèrent des plantations de canne à sucre et firent venir des esclaves africains pour y travailler, mais les Français encouragèrent les Garifunas à s’opposer à la colonisation anglaise. En 1796, unis sous le commandement de leur chef Joseph Chatoyer, les Garifunas repoussèrent les Anglais le long des côtes. Lorsque Chatoyer fut tué dans un combat singulier par un Anglais, les Français durent abandonner leurs alliés et les Garifunas furent définitivement vaincus.
Les Anglais ne pouvaient accepter que des Noirs soient libres sur l’île vaincue et qu’ils continuent à vivre comme des Blancs. Il fallait liquider les populations indésirables. Les Anglais les pourchassèrent, brûlèrent leurs maisons.
Le 15 juillet 1796, le secrétaire d’Etat britannique à la guerre ordonna de transporter les 4300 prisonniers garifunas sur l’île déserte de Baliceaux dans les Grenadines. La moitié d’entre eux moururent de la fièvre jaune en raison des mauvaises conditions de détention et d’alimentation. Pendant ce temps, les Anglais continuèrent la chasse et détruisirent toutes les cultures de façon à affamer les survivants.
La déportation
Afin d’empêcher toute nouvelle résistance, le gouvernement anglais décida finalement de déporter la plupart des Garifunas. Le 26 octobre 1796, il fit embarquer sur des bateaux 5080 d’entre eux et les fit larguer sur la petite île hondurienne de Roatan, après avoir chassé la garnison espagnole qui occupait l’endroit.
Mais ce 11 avril 1797, les Anglais ne laissèrent sur l’île de Roatan que 2248 Garifunas, les autres ayant péri au cours du long voyage.
Des communautés minoritaires
Beaucoup de descendants Garifunas vivant aujourd’hui en Amérique Centrale ont conservé leur langue et leur culture, mais ceux qui, au XXe siècle, se sont réfugiés aux Etats-Unis (plus de 100000) ont perdu définitivement leur langue, comme d’ailleurs les descendants des Garifunas qui sont restés aux îles Saint Vincent et Dominique.
On estime à quelques 500 000 personnes associées culturellement aux Garifunas. On en trouve aux Etats-Unis ( essentiellement New York, la Nouvelle Orléans, Los Angeles et Miami), à Saint Vincent, à la Dominique, en Martinique, au Mexique, au Bélize, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua.
Seule une minorité, peut être 150 000, parlerait encore la langue ancestrale venue des Arawaks. Les plus grandes concentrations résident au Honduras (98000), au Guatemala (16000), au Belize (12000) et au Nicaragua (1500).
La langue de ceux qu’on appelle aujourd’hui les Garifunas est restée une langue à base d’arawak, avec des mots d’origine africaine (surtout yorouba), française (environ 210 mots), anglaise (environ 50 mots) et espagnol (environ 210 mots). On trouve là l’héritage linguistique des guerres qui se sont déroulées contre les différents envahisseurs européens.
Le taux de scolarisation demeure faible chez les Garifunas. On estime qu’environ 20% de la population est illétrée ou semi-illétrée. Non seulement il n’existe pas assez d’écoles pour eux, mais ils manquent aussi de manuels scolaires. On estime que seulement 10% des élèves qui réussissent l’enseignement scolaire poursuivent au secondaire.
Les gouvernements nationaux ne font aucun effort pour sauvegarder cette culture. Les Garifunas sont victimes de racisme et de discriminations à l’emploi.
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